Cote d'azur

Plongée Port-Cros : explorer les fonds marins préservés de l’île

Plongée Port-Cros : explorer les fonds marins préservés de l’île

Plongée Port-Cros : explorer les fonds marins préservés de l’île

Un monde bleu au large des côtes varoises

Il est des endroits qui, même sur la carte, semblent chuchoter à l’oreille des explorateurs. Port-Cros est de ceux-là. Petite île posée entre Porquerolles et Le Levant, au large d’Hyères, elle ressemble à un refuge suspendu entre ciel, terre… et mer. Car ici, l’appel de l’eau est irrésistible. Lorsque vos pieds quittent le sentier bordé de pins pour s’enfoncer dans les flots, vous entrez dans un univers parallèle. Un univers délicieux où les poissons clignent de l’œil et les gorgones dansent au rythme des courants. Une plongée à Port-Cros ne se raconte pas : elle se vit. Mais comme je suis d’humeur bavarde aujourd’hui, laissez-moi vous embarquer sous la surface…

Port-Cros, sanctuaire marin depuis 1963

Créé en 1963, le Parc National de Port-Cros est le tout premier parc marin d’Europe. Un pionnier, déjà. Ici, le mot préservation prend tout son sens. Pêche interdite, mouillage réglementé, plongée encadrée… tout est fait pour que la nature puisse respirer, grandir, s’épanouir. Résultat ? Une biodiversité aquatique qui frôle l’indécente beauté. Murènes paresseuses, mérous impassibles, bancs de saupes en pleine chorégraphie et – pour les plus chanceux – passage fugace d’une raie aigle ou d’un barracuda fuselé.

Les fonds ? Un mélange d’herbiers de posidonies, de tombants rocheux et de canyons tapissés d’anémones… comme une palette impressionniste secouée par la houle. Rien d’académique ici, tout est vivant, brut, merveilleux. Et si vous tendez bien l’oreille, vous entendrez presque le silence bleu des profondeurs.

Première immersion : plongée aux Médes, un ballet multicolore

Mon premier baptême à Port-Cros s’est fait aux Médes, un site aussi mythique que le nom le suggère. Il faisait bon ce jour-là, l’eau était calme, presque tiède – à 20 mètres sous la surface, cependant, toute notion de confort s’évapore. Je me rappelle distinctement ce mérou. Majestueux, patibulaire, il me fixait avec cet air de sphinx antique. Pendant un instant, j’ai cru qu’il allait me poser une énigme. Finalement, il est retourné à sa grotte, me laissant palmes ballantes et cœur palpitant.

Aux Médes, tout est en mouvement. Les castagnoles et les oblades filent comme autant de traits lumineux dans l’obscurité turquoise. C’est un endroit où l’on apprend l’humilité. Un monde sans mots, mais pas sans émotions.

Pour les curieux : épave du Donator et autres trésors engloutis

Vous aimez les histoires qui rendent les poils des bras tout légers ? Plongez sur l’épave du Donator. Ce cargo, coulé en 1945 au large de Porquerolles (à deux brassées de Port-Cros), repose aujourd’hui figé dans une grave élégance. Recouvert de gorgones rouges et jaunes, il semble dormir à 52 mètres de profondeur, comme si la mer l’avait adopté. Attention : ce site est réservé aux plongeurs expérimentés avec certification profonde, mais le voyage en vaut la sueur froide (et la formation Nitrox).

D’autres épaves parsèment la zone : le Grec, le Michel C ou même de vieux casiers transformés en récifs artificiels. Ces vestiges du passé nourrissent aujourd’hui une vie aquatique foisonnante, comme des cathédrales englouties habitées par des prières muettes de poisson-soldats.

Quand venir plonger à Port-Cros ?

La Méditerranée, capricieuse muse ! D’avril à octobre, elle offre un terrain de jeu idéal pour les plongeurs. L’été, bien sûr, garantit une visibilité optimale et une température plus douce (oui, même à 30 mètres), mais l’affluence peut parfois transformer l’île en petit Montmartre nautique. Pour ma part, septembre reste le mois parfait : moins de monde, une mer encore tiède, et cette lumière d’après-saison qui dore les pins et nimbe les collines d’une nostalgie dorée.

Des clubs respectueux et passionnés

À Port-Cros, impossible de débarquer avec son matériel et plonger façon bikini-commando. L’île impose ses règles, et croyez-moi, c’est tant mieux. Plusieurs centres de plongée, installés à Hyères, à La Londe-les-Maures ou encore à Porquerolles, vous emmènent en bateau vers les sites autorisés, toujours dans le respect de la charte du Parc National.

Parmi mes préférés :

Mon conseil de vieux plongeur à barbe salée : réservez en avance, surtout entre juillet et août. Et posez des questions à votre moniteur : certains ont des anecdotes de plongée qui valent tous les guides touristiques du monde.

Et sinon, que faire sur l’île entre deux bulles ?

Port-Cros ne se résume pas à ses fonds. Avant ou après votre sortie en mer, profitez du charme indompté de l’île. À peine arrivé, vous serez accueilli par le fort du Moulin, sentinelle de pierre dressée face au large. Les sentiers grimpent ensuite entre eucalyptus, arbousiers et cigales insomniaques. Le sentier des Plantes ou celui du Fort de l’Estissac réservent une traversée à la Miyazaki, avec cette sensation de découvrir un royaume secret sous chaque feuille.

Quant au petit port de Port-Cros, avec ses cabanons couleur saumon et ses terrasses envahies par les bougainvilliers, il constitue une escale parfaite pour un poisson grillé ou un verre bien frappé. On y croise des randonneurs ravis, des plaisanciers en mission pastis et parfois même – entre deux gelsato – un vieux naturaliste armé de jumelles et d’histoires rares.

La plongée comme école de patience… et d’émerveillement

Il y a sous la surface quelque chose de fondamentalement égalitaire. On devient tous un peu ridicules avec nos palmes et nos manomètres, et c’est très bien ainsi. Chaque plongée est une lente descente en soi-même. L’apesanteur, l’obscurité bleutée, le bruit de sa propre respiration… tout ramène à l’essentiel.

À Port-Cros, plus qu’ailleurs peut-être, cet apprentissage prend une saveur particulière. Parce que la beauté y est brute, parce qu’aucun téléphone ne capte, parce que même les bateaux doivent couper leur musique. Ce silence-là, profond, dense, précieux, est probablement ce qu’on peut vivre de plus proche d’un retour à l’origine.

Et lorsqu’on remonte — que les premières bulles effleurent la surface et que la lumière redevient éblouissante — on sait intimement qu’un petit morceau de soi est resté là-bas, entre deux rochers, peut-être accueilli par ce mérou philosophe.

Bon à savoir avant de partir plonger à Port-Cros

Et surtout, n’oubliez pas d’ouvrir les yeux. Le plus beau dans la plongée, ce n’est pas ce qu’on voit. C’est ce qu’on ressent en voyant.

Bonnes bulles, les amis. Et si vous croisez un poisson qui vous regarde comme s’il savait quelque chose, souriez-lui. C’est probablement un vieux sage du récif, et il a sûrement une très bonne histoire à vous raconter.

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