Parfois, il suffit d’un souffle salin et d’un éclat de soleil pour que l’âme s’éveille. À Hyères, ce souffle devient une caresse, ce soleil, une confidence. Cette ville, trop souvent éclipsée par ses voisines plus tapageuses de la Côte d’Azur, offre une alchimie rare : la douceur méditerranéenne habillée de pins parasols, de criques secrètes et de vieilles pierres murmurantes. Ici, l’on ne visite pas, on savoure. Et quand on croit avoir tout vu, Hyères se dévoile un peu plus.
Je vous embarque aujourd’hui dans une exploration immersive des activités les plus captivantes qu’offre cette perle varoise – entre culture, nature et quelques parenthèses sportives pour les plus intrépides. Un périple qui sent bon le mimosa et le romarin, piqué de sel marin… et de petites surprises incontournables.
Flâner dans le cœur médiéval de Hyères
Commencez par le commencement. Et à Hyères, le début est forcément médiéval. Grimpez (à pied bien sûr, sinon ça n’a pas de goût) dans les ruelles pavées de la vieille ville. Les volets pastels, les façades écorchées par le temps, les grimpantes fleuries suspendues à d’improbables balcons : tout ici respire l’authenticité d’un Midi préservé.
Le clou du spectacle ? Les vestiges du château d’Hyères, érigé au sommet de la colline du Castéou. De là-haut, la vue s’étire jusqu’aux îles d’Or que l’on devine dans le miroitement bleu du large. J’y ai perdu une casquette un jour de mistral, mais j’y ai surtout gagné une contemplation dont on se souvient l’hiver venu.
Déguster l’art… au détour d’une galerie
Hyères aime l’art. Mais pas de manière pompeuse. C’est une muse discrète, presque bohème. La Villa Noailles, bijou d’architecture moderniste perché sur les hauteurs, est un incontournable pour tout amateur de design et de mode. Résidence d’artistes et lieu de résidence de la célèbre philanthropie des Noailles, elle vibre aujourd’hui au rythme du Festival International de Mode et de Photographie qui, chaque année, propulse les talents émergents sous les projecteurs du monde entier. Une visite s’impose, ne serait-ce que pour admirer sa piscine art déco surréaliste.
À deux pas de là, la galerie du Parc Saint-Bernard, nichée au creux d’un jardin aux effluves exotiques, propose des expositions temporaires subtiles – souvent gratuites, ce qui a son charme dans une ville qui vous charme déjà beaucoup.
L’appel du large : Porquerolles, Port-Cros et l’île du Levant
Il serait sacrilège, venir à Hyères sans embarquer pour l’une de ses îles. À commencer par Porquerolles. Cette île est une parenthèse. Pas de voiture, des plages d’ivoire, des pins qui s’élancent dans le ciel azur, des criques où l’eau est si claire qu’on y voit la mélancolie des poissons. Louez un vélo – ou mieux, marchez – pour découvrir ses sentiers enchâssés entre vignes et eucalyptus.
Port-Cros, voisine plus sauvage, est un sanctuaire vivant du Parc national. Palmes, masque et tuba suffisent pour explorer un univers aquatique foisonnant. L’île du Levant, quant à elle, est plus confidentielle… et davantage dévêtue. Ici, le naturisme est roi, mais l’ambiance y est étonnamment zen, presque philosophique. Un lieu à découvrir si vous êtes prêt à vous délester de plus que votre montre.
Le marché de Hyères : une odyssée sensorielle
Le samedi matin, je vous conseille de laisser tomber le petit déjeuner de l’hôtel. Enfilez vos espadrilles et descendez au marché de Hyères. Entre les stands d’olives luisantes, les tomates anciennes qui sentent l’été même en avril, et les fromages qui hurlent leur provenance montagnarde, vous découvrez non seulement des produits, mais un peuple. Car le marché, ici, est une scène où les provençaux jouent sans retenue la comédie du quotidien – avec accent, sourire et générosité en prime.
Bain de verdure dans le Parc Olbius Riquier
Une envie de fraîcheur ? Direction le Parc Olbius Riquier, havre de paix en plein cœur de la ville. Idéal pour une escapade familiale ou pour lire Pagnol sous les palmiers, ce jardin botanique recèle aussi un petit lac charmant, des bambous géants, une serre tropicale et… des canards clairement plus photogéniques que moi. L’entrée est gratuite, le dépaysement, garanti.
Sports et aventures pour baroudeurs méditerranéens
Hyères, c’est aussi un terrain de jeu grandeur nature. Sur la Presqu’île de Giens, les randonneurs se régaleront avec le sentier du littoral. Entre falaises escarpées, grottes marines et reflets turquoise, on se croirait parfois dans une pub pour un parfum cher. Attention aux coups de soleil – j’ai moi-même expérimenté la transformation homardesque un soir de juillet particulièrement intense.
Les passionnés de glisse iront saluer la plage de l’Almanarre : connue dans toute l’Europe pour la planche à voile, le kitesurf ou simplement pour les baignades revitalisantes. Même sans pratiquer, le spectacle est saisissant. Les voiles colorées dansent entre ciel et mer –, une chorégraphie offerte par le mistral.
Aventures souterraines et ciel étoilé
Ce que peu savent ? Le site archéologique d’Olbia, vestige d’une colonie grecque du IVe siècle avant notre ère, se laisse visiter avec émotion. Installée au bord de mer, cette ancienne cité offre une lecture passionnante du passé, notamment guidée par des archéologues passionnants et parfois… un peu trop bavards. Mais c’est autant l’histoire que la malice de ces raconteurs qui fait le charme de la visite.
Et si votre âme d’explorateur reste insatiable, offrez-vous une soirée d’astronomie au sommet du Mont des Oiseaux. Lorsque le ciel s’entrouvre et que l’on distingue Saturne derrière un télescope de fortune, le monde moderne paraît bien lointain, et l’esprit s’envole.
Hyères insolite : curiosités et joyaux cachés
Je ne pouvais clore ce périple sans un clin d’œil à l’insolite, cette touche d’étrangeté qui fait le sel de mes errances. À Hyères, cela passe par :
- Le Parc St-Claire et ses escaliers sculptés, dignes d’un conte féérique où l’on s’attendrait à croiser une fée à vélo (oui, elles font du vélo maintenant).
- La Maison du Vin à Costebelle, pour une dégustation provenant de vignes littéralement suspendues entre terre et mer.
- Le Street Art dissimulé dans les ruelles du centre : fresques animales, visages poétiques ou messages cryptiques d’artistes locaux osent transformer les murs du quotidien en galeries à ciel ouvert.
Quand aller à Hyères ?
Printemps, assurément. Ou septembre. Evitez les grandes foules de l’été si vous recherchez l’essence même du lieu. Le mimosa fleurit dès février, et les oiseaux chantent mieux quand il y a moins de bipèdes distraits à selfie-stick. Et puis, croyez-moi : il y a quelque chose de magique à longer la mer quand les plages sont encore vierges, quand la lumière d’hiver caresse les oliviers, quand les cigales dorment encore… Cela s’appelle : voyager en silence. Et c’est peut-être là que commence le vrai luxe.
Hyères n’est pas une destination. C’est une respiration. Un moment suspendu entre ciel et mer où le voyageur curieux découvre l’humilité d’un territoire à visage humain. Entre culture intimiste, nature vibrante et aventure douce, ce lieu offre ce dont on manque souvent : du temps retrouvé.
Alors, prêt à écouter ce que le mistral vous raconte ?